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Sorties dans les Albères et la plaine du Roussillon

 

Cela faisait déjà un bon moment que l'idée de revoir le lézard psammodrome algire me trottait dans la tête surtout depuis que je savais que Maurice Sabatier en avait recensé quelques spécimens non loin de chez lui.

Bonne nouvelle, ce vendredi 09 octobre 2009, mon ami Maurice a du temps à me consacrer et me propose même une virée nocturne avec une surprise à la clé.

A peine rentré de son boulot, Maurice me propose de charger mon matériel dans sa voiture et m'annonce avec excitation que l'on part voir des tortues d'eau émyde lépreuse. Je n'en reviens pas et je pense que l'on va passer la frontière espagnole pour nos observations car j'avais lu sur internet que ce reptile n'était pas visible en France. Pas du tout, ce sacré Maurice connaît un coin dans les Albères qu'il faut garder secret où cette tortue est bien visible. Ce petit paradis fragile et protégé est bien sur le territoire français.

Coronelle girondine découverte de nuit

Petite couleuvre girondine

dans les vignes

Face ventrale de la

coronelle girondine

A présent, il fait déjà bien nuit et c'est vers 22 h que l'on gare la voiture non loin d'un champ de vignes. En marchant vers la station des tortues, Maurice aperçoit dans la pénombre un serpent. Je suis doublement surpris car, d'une part, je ne savais pas qu'il était possible de rencontrer un serpent en pleine nuit et, d'autre part, ce reptile ressemble beaucoup à une couleuvre à échelons (finalement, ce serpent s'avère être une coronella girondica). Vraiment, ça commence très, très fort.

Tortue emyde lépreuse -

  Mauremys leprosa

Portrait d'une grosse tortue adulte

La  belle tortue puante

retourne à l'eau

Nous voilà maintenant au bord de l'eau, à l'aide de nos lampes torches, nous scrutons avec attention tous les coins et recoins du minuscule ruisseau. Pas de tortue sur les berges, ni dans le lit du cours d'eau. Par contre, les dytiques bordés et les hydrophiles bruns sont légion et d'une taille monstrueuse. Je suis très impressionné par ce spectacle.

Avant de quitter cet endroit à la biodiversité étonnante et rentrer bredouille, je tente le tout pour le tout et fouille de mes mains les moindres cavités et la vase. Miracle, alors que je plonge le bras sous une grosse pierre, une tortue se sauve de l'autre côté du caillou. Je m'en saisis et sors de l'eau une magnifique émyde lépreuse juvénile à l'odeur étonnamment bien désagréable. Je suis comblé et mon cœur bat bien vite.

Après la séance photographique la plus courte possible, l'animal rejoint à toutes pattes palmées sa cachette sombre sous l'eau. Il n'est pas loin de minuit.

La tortue retrouve enfin 

sa cachette sous l'eau

Un jeune crapaud commun Une tarente de Banyuls by night

Décidément, Maurice est en pleine forme car il désire à présent foncer vers Banyuls pour vérifier une information qu'une personne lui a donnée. Le soir dans les ruelles, il est, parait-il, possible de rencontrer des hémidactyles verruqueux. Pas de chance, ou fausse information car ce soir, nous n'avons vu que des tarentes de Maurétanie et des noctambules qui faisaient la tournée des bars étonnés par notre look déphasé de baroudeurs avec lampes frontales. Par chance, la police ne nous a pas embarqués alors que nous déambulons de manière assurément suspecte en éclairant les façades et les murs des jardins de nos lampes de poches. Nous allons donc pouvoir dormir calmement chez Maurice et demain je vais pouvoir photographier des psammodromes algires.

L'algire attrape la fourmi ailée qui passe ... la mâchouille ... puis l'avale

Dès le lendemain matin, nous sommes sur le terrain et j'ai la chance d'assister au repas d'un jeune lézard psammodrome algire alors qu'il ne fait pas bien chaud et que le vent souffle assez fort. Rien d'étonnant car Maurice connaît dans ce coin de maquis chaque lézard au mètre près. Derrière ce buisson, il y a un juvénile, à côté de ce caillou une femelle adulte et à cet embranchement de chemin un gros mâle de plus de 20 cm...

Il est midi et il faut rentrer déjeuner. Chez Maurice, ça sent bon et l'on va manger des "galtes de porc" une spécialité catalane très goûteuse. Je n'en avais jamais mangées auparavant. Après l'excitation du terrain, j'ai même droit à des émotions culinaires. Je ne vous parle même pas du vin, un Gardies de Vingrau, qui accompagne le plat car je suis en sortie herpétologique. Je me dois de rester dans le sujet.

Les cistudes vont se régaler avec

ce cadavre de ragondin à l'odeur épouvantable. 

La seule façon de bien voir les

cistudes ce jour-là

La tête d'une cistude

craintive par M.Sabatier

Maurice a remarqué que j'ai beaucoup aimé les tortues émydes lépreuses. Pas de problème, puisque j'ai apprécié ce spectacle, Maurice a décidé de me montrer des cistudes d'Europe. Cela lui semble tout à fait normal, alors que cela fait pratiquement vingt ans que je n'ai plus vu cet animal. Ce sacré Maurice me mène donc sur les bords d'un petit étang où l'on est joyeusement accueillis par des ragondins, des canards colverts et des foulques macroules (adultes et juvéniles) familiers. L'accueil chaleureux de la faune locale ne peut empêcher un petit sentiment de déception de nous gagner. Pas de cistude à l'horizon, il y a beaucoup de vent et il fait assez froid. Malheureusement, il faut se résigner à plier bagage car la nuit va bientôt tomber et je dois remonter dans mes montagnes.

Soudainement, c'est le miracle et des petites têtes apparaissent de tous les côtés. A la lunette terrestre, Maurice identifie ces animaux comme des cistudes. J'ai vu des cistudes, certes d'un peu loin, mais au printemps prochain, je sais que je vais revenir en ce lieu avec mon compère.